Arrivée à Argentière par le train de nuit venant de Paris, avec pour finir le train remontant toute la vallée de l’Arve en passant au pied du Mont-Blanc et des Glaciers des Bossons, et de Taconnaz, et par les villages bien connus de Servoz, Les Houches, et Chamonix, capitale mondiale de l’alpinisme, où s’illustrèrent les plus grands noms de l’alpinisme.
La journée d’arrivée étant consacrée essentiellement à l’installation et à la mise à disposition/répartition du matériel (chaussures, sac à dos, crampons, piolet, baudrier, casque, mousquetons, etc…), en attendant de les utiliser très prochainement.
Un petit tour dans le village d’Argentière dans l’après-midi et prise de contact avec les autres personnes du groupe de la semaine.
A 18h comme prévu, briefing avec le guide qui sera Jean Pierre, qui est également le guide répartiteur du centre pour les différentes randos prévues chaque semaine. Il nous présente le programme et nous fait un tour de « table » du groupe pour jauger la pratique de chacun.
Repas pris dans la salle style montagnard avec vue sur la chaîne du Mont-Blanc.
J2 : Argentière (alt : 1250 m) – Glacier d’Argentière / Téléphérique des Grands Montets (alt : 3275m)
6h de marche, dénivelé : +0m / -1275m
Cette 1ère journée d’alpinisme s’effectue au départ du téléphérique des Grands Montets situé à 5 minutes à pied du centre. On part avec le matériel et le repas du midi dans les sacs.
Après quelques minutes de montée, nous voilà arrivé aux Grands Montets avec une vue à 360° sur l’ensemble du Massif du Mont-Blanc sous un ciel bleu, tout simplement sublime, on a l’impression d’être à côté de chacun des sommets et de faire partie du décor.
Il y a toutefois une différence qui est la température qui a baissé sensiblement, et la dimension des montagnes qui se dévoile sous un autre aspect que vu du bas de la vallée. C’est beaucoup plus grand vu de là-haut.
Après avoir bien profité du spectacle et après avoir deviné notre itinéraire de descente par le Glacier des Rognons vers celui d’Argentière, nous descendons de notre « Nid d’Aigle » pour poser le pied véritablement sur le haut du Glacier.
Jean-Pierre, notre guide nous met en garde de ne pas s’éloigner et de toujours être prudent en lui demandant conseil quant à nos déplacements, même si cela semble facile et sans danger.
L’année précédente, une jeune touriste avec ses parents s’était légèrement éloignée, et elle est tombée dans une crevasse recouverte d’un pont de neige, et les secours n’ont pas pu la sauver, alors qu’elle n’était qu’à une dizaine de mètres de ceux-ci.
Nous nous apprêtons en nous équipant baudrier, casque, piolet, crampons corde, gants, le groupe est divisé en 2 cordées de 3 personnes, et nous commençons donc notre descente sur le glacier des Rognons.
1ère expérience avec des crampons au pied, ça accroche, drôle de sensation dans la pente verglacée, la corde doit rester tendue entre chacun.
Quelques faux pas cependant, un crampon mal cramponné, pas assez enfoncé, et hop, le pied se dérobe, reprise par l’appui du piolet, et ça repart.
Chacun de nous évalue sa pratique et s’habitue au matériel et à ces nouvelles sensations.
Par endroit avec le soleil qui réchauffe la pente, la neige verglacée se fait plus molle et le pied s’enfonce jusqu’au genou, il faut être prudent et rester vigilant dans cette pente.
Et une glissade de l’homme de tête sur 2 mètres, le passage pour les suivants est damé, ce qui est plutôt un désavantage, et légère glissade aussi.
La vue sur le glacier d’Argentière est magnifique, immense glacier descendant du fond de cette vallée, dont le bout fait office de frontière avec la Suisse.
Nous prenons notre repas sur quelques grosses pierres en contemplant ce glacier et en y distinguant quelques petits points s’y déplaçant en cordée. C’est un bon endroit pour y faire de la photo.
Une courte sieste de digestion, et nous repartons quelques temps encore avec nos crampons avant de retourner sur un chemin de randonnée.
La descente en chemin me fait tout à coup réaliser que mes chaussures empruntées au centre sont soit trop petite ou pas assez large, je vais devoir repasser au « stand » ce soir pour les changer, je ne peux pas continuer le reste de la semaine avec ce mal de pied.
Pour une 1ère approche de la glace avec crampons, cela m’a fait entrevoir les sommets différemment. Le reste de la semaine s’annonce bien.
Repas entre nous, et discussion sur les jours à venir.
J3 : Argentière (alt : 1250m) / Montenvers (alt: 1913 m) – Refuge du Couvercle (alt : 2687 m)
6 h 30 de marche, dénivelé : +1760 m / -300 m
Départ pour 3 jours dans le cœur du massif du Mont-Blanc pour côtoyer la Mer de Glace, Les Grandes Jorasses, Le Glacier du Géant et tous les autres sommets connus et reconnus ainsi que les refuges mythiques de ces lieux.
Pour accéder à ce site, comme tous bons touristes nous empruntons le train du Montenvers au départ de Chamonix, avec ce petit avantage de ne pas faire la queue au guichet et de monter directement dans le train à quai qui vient tout juste d’arriver, le 1er départ de la matinée, Jean-Pierre, notre guide, comme tous habitués nous positionne idéalement dans le train afin de profiter au mieux de la montée.
Nous atteignons le Montenvers après avoir traversé les forêts de pins, mélèzes et sapins et après être passés par plusieurs tunnels.
Nous découvrons donc la Mer de Glace et les Montagnes aux alentours qui nous serons plus familières d’ici peu.
La grande majorité des personnes avec nous dans le train resteront sur ce belvédère ou emprunterons le téléphérique qui descend jusqu’à la grotte de la Mer de Glace qui est creusée chaque année, avec des pièces, cuisine, salle, chambre, etc… Cette grotte est un plus pour les touristes venant jusque là.
Quand à nous, nous empruntons le chemin qui conduit tous alpinistes désirant aller marcher sur la Mer de Glace, et qui souhaiteraient rejoindre l’un des refuges disséminés dans ce grand cirque, qui peut être le début d’une ascension mémorable.
Au bout de ce chemin, aujourd’hui, on trouve des centaines de mètres d’échelle posées, qui épousent les formes des rochers. La descente se fait avec un casque pour se protéger d’éventuelles chutes de pierre ou gravier déclenchées par d’autres personnes se trouvant sur ces échelles.
Ces dizaines et dizaines de mètres d’échelles se descendent sans assurance ni par corde, ni par mousqueton. Cela demande beaucoup de vigilance quant aux placements des pieds et des mains sur des barreaux en acier rouillé et froid. Tout faux pas peut-être sans retour.
Nous atteignons enfin la Mer de Glace, et nous nous équipons aux pieds. Marcher sur la Mer de Glace en cet endroit est plutôt simple et facile. Plus, nous nous enfonçons au creux de ces montagnes et plus nous découvrons l’envers de décor, de magnifiques sommets, pics, aiguilles nous entourent, la sensation d’immensité se révèle, et nous nous sentons chanceux d’être là, quand la plupart des touristes ne voient pas ce spectacle.
Notre avancée nous éloigne également des quelques personnes descendues juste pour marcher quelques pas sur le glacier.
Nous allons par cette traversée rejoindre l’autre rive du glacier avant d’entamer notre remontée vers le Refuge du Couvercle où nous devons passer la nuit.
La remontée vers le Refuge du Couvercle se faisant également comme pour la descente sur la Mer de glace par une succession d’échelles, de main courante et de petites cales posées sur les rochers.
Quelques passages sont assez délicats avec quelques dizaines de mètres de vide sous nos pieds. De ce côté-ci, nous avons une vue sur le fond de la Mer de Glace vers le Glacier du Géant, mais aussi celui de Leschaux qui mène au pied des Grandes Jorasses.
Le Refuge du Couvercle a été refait à une centaine de mètres de l’ancien qui se trouvait à l’abri sous une énorme dalle de roche, d’où son nom de Couvercle sans doute.
La soirée au Refuge où l’on prend le repas, se termine à la fraîcheur à l’extérieur en admirant le coucher du soleil qui joue avec les couleurs des aiguilles et des roches, passant de l’ocre, à l’orange, au rouge flamboyant, avant de laisser place à un ciel étoilé. Quelle chance d’assister à ce spectacle.
J4 : Refuge du Couvercle (alt : 2687 m) – en passant par le Refuge de Leschaux (alt : 2431 m) – Refuge du Requin (alt : 2516 m)
8 h 30 de marche, dénivelé : +300 m / -450 m
Réveil matinal à 5 h sans faire de bruit, nous sommes dans un refuge et nous devons respecter la nuit des autres occupants, en nous habillant et en refaisant nos sacs à la frontale et en essayant de ne rien y oublier.
Petit déjeuner dans une ambiance montagnarde, grand bol de lait, pain en tranche, un vrai déballage sur la table. Il faut prendre des forces pour cette grande et belle journée qui arrive.
Le départ ne tarde pas, et notre guide lance la troupe, qui doit s’arrêter très vite, l’un des membres du groupe ayant un toc, et devant vérifier 1,2, 3 fois l’ensemble de son sac, le mettant au dos et l’enlevant dans la foulée.
Après 5 à 10 min. nous repartons cette fois pour de bon.
Au passage du Glacier de Talèfre, notre guide nous demande de ne pas s’arrêter et de passer cet endroit rapidement en raison des risques de chute de pierre.
Nous avançons en direction du Refuge de Leschaux, ce qui signifie également que nous nous rapprochons de la barre des Grandes Jorasses.
L’arrivée au Refuge se faisant également par des moyens techniques disposés ici et là.
Le refuge est d’ossature métallique, et il est posé ou plutôt accroché en pleine pente très raide surplombant le Glacier de Leschaux, sa position peut sembler très étrange.
Le gardien du refuge est en fait une gardienne sportive. Le panorama à cet endroit est également incomparable avec une vue sur le Mont-Blanc, l’Aiguille du Midi et l’Envers des Aiguilles, et bien sûr les 3 glaciers et les Grandes Jorasses.
Repas au soleil sur la terrasse du Refuge en contemplant notre décor de privilégié.
En ce début d’après-midi, le soleil est bien présent, et la crème solaire à cette altitude est obligatoire ainsi que les lunettes de soleil.
Le départ du refuge se faisant comme son arrivée via des échelles, avant de reprendre sur un sentier étroit et descendant rapidement dans la pente raide vers le glacier.
Le retour sur le glacier étant agréable puisque pratiquement plat après ces pentes raides et herbeuses. Du fait, du peu de difficulté pour marcher sur le glacier, nous ne nous équipons pas de nos crampons et avançons d’un très bon pas vers la jonction du glacier de Leschaux avec celui du Géant qui nous conduira au pied des Séracs du Géant.
L’endroit de la rencontre des 2 glaciers est légèrement plus mouvementé, les forces de l’un allant contre les forces de l’autre, et une sorte de grande ondulation, de vagues s’établit, comme si le sol s’ondulait de collines.
Passage que nous contournons en évitant de monter et descendre ces mini collines, et nous voilà maintenant sur le Géant en direction du bas de la vallée blanche qui descend depuis le Mont-Blanc en passant entre l’aiguille du Midi et la pointe Helbronner.
Notre but étant de rejoindre le Refuge du Requin situé à mi-hauteur de la chute des Séracs du Géant.
Au bas des Séracs, nous reprenons un sentier équipé d’échelles, de main courante, et d’autres pièces métalliques servants d’appui, qui nous emmènent vers le Refuge du Requin. Emplacement unique, au cœur des glaciers, la haute montagne se trouve à côté.
Quelques grimpeurs sont encore accrochés sur des murs et des faces d’escalade des aiguilles alentours. Ils s’apprêtent eux aussi à en redescendre.
Au refuge du Requin, on retrouve quelques endroits vus dans le film Malabar Princesse avec Jacques Villeret pour l’anecdote et on peut comprendre les ambiguïtés du film et l’incohérence de différentes prises de lieux.
La nuit tombant et le ciel se parant d’étoiles dans cet univers blanc de glace, une certaine luminosité règne, et donne à cet endroit une atmosphère particulière. Il est désormais l’heure de dormir, le refuge se fermant.
J5 : Refuge du Requin (alt : 2516 m) – Montenvers (alt : 1913 m)
6 h 30 de marche, dénivelé : +300 m / -900 m
Nous quittons le Refuge du Requin dans la matinée après un bon petit déjeuner et après avoir encore bien profité du belvédère sur les séracs du Géant, le petit chemin de la veille à redescendre n’est pas si simple que cela, le faux pas est ici aussi pas accepté. Chemin très étroit, abrupte, cassant avec des sortes de marche de roche et les appuis disposés ça et là soit pour les pieds ou pour les mains, et tout cela en faisant attention de ne pas déclencher de départ de pierre sur les personnes se trouvant en aval qui pourraient leur être dangereux.
Ce passage terminé, la marche sur le glacier est sensiblement plus facile, bien que. Notre guide nous a demandé de suivre exactement les endroits où il passe. Ce que l’un du groupe avait, semble-t-il oublier, ce qui a eu pour effet de mettre en colère le guide. Celui-ci lui faisant remarquer que seulement 1 à 2 mètres à côté, il y avait un pont de neige, ce qui signifie une crevasse en dessous. Ces remarques étaient ensuite bien suivies, et incontestables.
Nous prîmes notre déjeuner un peu après la jonction des 2 glaciers auprès du torrent qui coule au milieu du glacier.
Le guide nous proposa une petite séance d’escalade sur glace en descendant en rappel dans le lit du torrent et en remontant à l’aide de 2 piolets et des pointes avant de nos crampons.
Cet exercice qui peut sembler facile et presque banal par sa hauteur, une douzaine de mètres, devient vite un exercice musculaire éprouvant, pour des non-initiés et pratiquants.
On a tendance à vouloir frapper fort avec les piolets pour bien les ancrer, mais ensuite, toute la difficulté est de les enlever pour progresser et grimper. La même chose pour les appuis avec les crampons, qu’il faut taper vers l’avant et laisser descendre le talon pour que les 2ières pointes inférieures se plantent aussi, qui lorsque l’on oublie cette phase se décramponne et l’on perd vite un appui, qui peut être compensé par la personne qui nous assure en haut avec la corde de rappel.
Après ce petit « jeu », il est temps maintenant de regagner les échelles du Montenvers et de les utiliser dans l’autre sens. Il faut compter une bonne ½ h.
Ne nous reste plus qu’à redescendre avec les touristes de fin d’après-midi par le train à crémaillère vers Chamonix, et de rejoindre ensuite Argentière.
3 jours magnifiques au cœur de l’un des sites les plus remarquables.
J6 : Aiguille du Midi (alt : 3842 m) – Refuge des Cosmiques (alt : 3613 m)
1 h 30 de marche, dénivelé : -600 m / + 600
Ce matin la météo ne semble être au plus beau, et pourtant, notre rendez-vous se trouve dans la vallée blanche au plus près du Mont-Blanc.
Nous embarquons dans le téléphérique de l’Aiguille du Midi destination 3842 m d’altitude, une pause à mi-parcours, avec un changement, et nous voilà effleurant les parois droites de la flèche de l’Aiguille. On a l’impression que le téléphérique va se fracasser contre la paroi, mais, il est tiré presque à la verticale pour finir dans la gare d’arrivée. Notre équipement nous est particulièrement utile à cette altitude, le vent et le froid sont présents.
Nous nous dirigeons vers la « grotte » qui est le lieu de sortie vers l’arête menant à la vallée blanche. Notre guide questionne des collègues guides sur les conditions. Ceux-ci lui explique que les conditions ne sont pas les plus faciles, vent en rafale (60km/h), température basse (-20°C), visibilité nulle, des groupes qui remontent, et le croisement sur l’arête délicat.
Nous nous préparons à sortir, les conditions décrites sont analogues à ce que nous trouvons à l’extérieur. Notre guide a réparti les 2 cordées, je ferme la marche de la 2nde cordée, le guide ayant pris sur la sienne les 2 filles du groupe et 1 gars.
L’arête porte bien son nom, elle fait la largeur d’une personne et à une inclinaison de 45° au moins. Les rafales de vent nous obligent à nous arrêter pour s’accroupir et à planter notre piolet qui nous sert de 3ième point d’ancrage et de stabilité, lorsque celle-ci cesse nous repartons, le plus délicat étant de croiser des cordées montantes, il faut se synchroniser avec eux pour mettre le pied à l’endroit où ils le retirent et tout cela avec les rafales. Toutefois, nous ne voyons pas le vide de part et d’autre de notre rive.
Après 2 heures de descente, nous atteignons un grand plateau glacier qui n’est autre que la vallée blanche, d’où ce nom.
On y trouve quelques tentes et c’est tout, et quelques cordées comme la nôtre. Notre guide du fait des conditions météo exécrables décide de modifier le programme et de rejoindre le refuge des Cosmiques pour y déjeuner et s’y réchauffer, c’est la meilleure chose à faire. L’on peut vite se perdre en cas de monter de nuages. Il faut nous résoudre aujourd’hui la météo n’est pas avec nous, cela fait partie de la haute montagne, savoir renoncer et ne pas prendre de risque.
Du refuge des Cosmiques, nous en voyons également rien et pourtant nous sommes à côté du Mont-Blanc du Tacul, du Mont-Blanc, du Dôme du Goûter et de l’Aiguille du Midi, avec normalement la vue sur la Suisse et le Cervin, tant pis, cela sera pour une autre fois.
Le repas pris, il est maintenant temps de repartir et de reprendre en sens inverse l’arête de l’Aiguille du Midi. Au bas l’arête, notre guide nous prévient qu’il ne fera aucun arrêt durant la remontée, avec un pas lent mais continu. A la montée, nous avons la « chance » de voir le vide de chaque côté, le vent s’étant calmé, la remontée est moins compliquée.
Et nous parvenons à la « grotte » après une belle journée typée : HAUTE MONTAGNE
Est-ce que cela aurait été mieux ou pas …, différent !!!!
J7 : Argentière (alt : 1250 m) – Retour avec arrêt à Annecy
Dernière matinée, on refait les sacs, un petit déjeuner et hop le train avec une escale à Annecy et une visite du quartier pittoresque avec ces petits canaux.